Fabrice HATTEVILLE (promo JANSSEN) : ingénieur et auteur !
En poste depuis 20 ans chez Thales, Fabrice HATTEVILLE vient de publier "Les noces de glaise" chez Le Lys Bleu édition : ingénieur ET auteur, découvrez son interview "à double face" !
L'ingénieur : parcours et métier #ingESEO
Ton parcours, carrière en quelques mots ?
J’ai débuté dans une société américaine de télécom, Lucent Technologies, pendant 5 années.
Depuis 20 ans, je suis chez Thales, dans les activités de cybersécurité.
J’ai quitté les fonctions purement techniques assez tôt, au bout de 2 ans.
En fait, je ne suis pas du tout geek, comme on dit maintenant !
J’ai alors balayé à peu près tout le spectre marketing et commercial, tant dans le domaine des produits que des grands comptes.
Qu'est-ce que le métier de "Value and Bid Marketing" ?
Aujourd’hui j’ai un rôle de « coach » sur la notion de valeur. C’est-à-dire que j’accompagne des équipes produit, capture ou offres pour les aider à identifier et mettre en avant efficacement ce qu’elles apportent à leurs clients. Je les aide à prendre du recul sur ce qu’elles font et proposent.
Le coach est un révélateur. Il aide à prendre conscience de choses qui existent déjà.
Quelle est la réalité de ton métier au quotidien ?
J’apprécie particulièrement la posture du coach.
D’une part on balaie des sujets très variés, sur lesquels on n’a pas nécessairement d’expertise technique, ce qui est même plutôt recommandé.
Ensuite, il y a beaucoup d’humain. Il est nécessaire de comprendre les enjeux et contraintes des uns et des autres pour identifier où et comment on va vraiment pouvoir les aider.
Pour ma part je suis très opérationnel dans mon approche. Ce n’est pas du conseil, je contribue, je « fais avec ». La démonstration par l’exemple est fondamentale quand on veut amener des équipes à changer leurs façons de voir ou de faire.
C’est aussi un métier de l’ombre. Il faut accepter que d’autres récoltent le fruit du travail que l’on a fait avec eux.
Il est aussi nécessaire de gérer la frustration et savoir se contenter d’apporter ce qu’il est possible d’apporter, même si on sait qu’on aurait pu aller beaucoup plus loin. Le coach sait ce que serait la perfection, mais il doit accepter d’en rester plus ou moins éloigné.
Comment en es tu arrivé là ?
Fin 2019, j’ai dû m’arrêter 3 mois pour burnout.
J’ai vite compris que je ne pourrais pas reprendre des fonctions opérationnelles envahissantes comme celles que j’avais connues pendant 20 ans.
Ça a été l’occasion de mettre les choses sur la table et de réfléchir à la suite sans préconçus.
C’est là que je me suis lancé dans l’écriture de mon roman. J’avais commencé avant, mais c’était l’occasion de s’y mettre vraiment.
Cependant très peu de personnes vivent de leur plume. Donc il était aussi nécessaire d’envisager une continuation professionnelle. Je savais déjà que les rôles d’accompagnement me plaisaient, j’avais de bons feedbacks à ce sujet et quelques bilans ont confirmé tour cela.
J’ai donc pris la décision d’explorer cette orientation.
Les ingénieurs ESEO chez THALES et dans le métier : sont-ils nombreux ou non, quels sont les attentes du métier auxquelles peut répondre l’ESEO ?
Chez Thales il y a effectivement énormément d’ingénieurs ESEO. Uniquement pour ma promotion on doit être une bonne dizaine.
Concernant le métier de coach, l’avantage de la formation ESEO c’est le côté généraliste du spectre de l’électronique et des sciences de l’information.
Je suis amené à travailler sur des domaines très variés (cybersécurité, hyperfréquences, radiocommunications, transports ferroviaires, documents d’identité, etc.) et je peux vous dire que je ne regrette pas d’avoir balayé autant de sujets à l’ESEO, même quand cela remonte à loin.
La dimension culture générale est importante aussi. Se focaliser sur la technologie serait une erreur, même si on ne le comprend pas forcément quand on est étudiant.
Instant "back to school"
Tes souvenirs ESEO ?
J’étais au BDS en I1. On avait tenté de monter un championnat de base-ball avec d’autres écoles de la ville.
Ensuite au BDE en I2. Le BDEureka. Je crois que c’est nous qui avons lancé la série des noms de BDE avec un jeu de mot sur le E. Avant cela, les noms n’étaient pas sur ce principe.
Je m’occupais des relations internes, avec les enseignants et la direction par exemple. On avait créé le premier annuaire de l’Ecole, dans une base Access, et on avait tiré quelques exemplaires. On était à deux doigts d’inventer Facebook en fait, avec le recul ! Mais à l’époque on commençait tout juste à parler d’Internet. La première fois que j’en ai entendu parlé j’étais en I2, c’est dingue non quand on y pense. Les premières adresses mail aussi, c’était en I2.
La vie associative est une expérience très enrichissante. Elle permet de sortir de l’aspect purement pédagogique de la scolarité.
Ton meilleur souvenir ?
Il y en a beaucoup. J’ai eu la chance d’appartenir à une promo dans laquelle l’ambiance était excellente, sans conflits ni clans. Il y avait vraiment comme un esprit d’appartenance.
Un souvenir mémorable, c’est la journée des 100 jours, vers le mois d’Octobre en I3. On arrive au bout après plus de quatre années ensemble, on va bientôt s’éparpiller dans les stages et on ne se retrouvera à nouveau que très peu de temps, au moment de la remise des diplômes.
Ça avait été une bonne grosse fête. On était déguisés. J’avais enfilé une tenue de gadzart, avec la blouse et la grosse écharpe bleu et rouge. Il ne manquait que la barbe ! Tout le monde m’avait écrit un message sur la blouse, comme font les gadzarts. Je l’ai encore !
Les conseils d'un Alumni #ingESEO
As-tu un message pour vos camarades ou quelque chose à dire aux jeunes ingénieurs, aux étudiants ESEO ?
Pour les camarades de promo, ce serait bien qu’on puisse s’organiser des retrouvailles sur un week-end, avec une bonne soirée comme à l’époque ! Ça fait un moment que j’y pense, et puis on laisse toujours le quotidien prendre le dessus.
Pour les jeunes ingénieurs et les étudiants : la chose fondamentale pour un parcours réussi, c’est d’abord de se connaître soi-même. C’est cette connaissance qui permet de répondre correctement aux questions qu’on se pose ou de faire les bons choix. Tout doit partir de soi, non pas au sens égoïste, mais au sens « conscience de soi ». La pression sociale est très forte pour nous imposer des modèles.
Il faut se connaître pour savoir y résister et ne pas se laisser entraîner vers ce qu’on n’est pas.
Il faut avoir à l’esprit que le burnout n’est pas une question de surmenage, comme on le croit souvent. C’est fondamentalement une question de rester trop longtemps trop éloigné de soi.
On peut faire un burnout sans être surmené si on n’est pas en phase avec soi-même.
On peut être surmené sans faire de burnout si on est en phase avec soi-même.
On demande souvent aux gens « ce qu’ils veulent faire plus tard », ou bien « où ils se voient dans 5 ans ». Ces questions n’ont pas de sens en elles-mêmes. La seule qui vaille c’est « Qui suis-je ? ». Qu’est-ce que j’aime, qu’est-ce qui me motive, quels sont les contextes qui m’épanouissent, quelles sont mes valeurs, quelle est ma notion de la réussite ? Si on est clair sur tout cela, alors on peut répondre à toutes les questions d’avenir sereinement, sans trop risquer de se tromper.
D’une façon plus générale, plus on se connait soi-même plus on peut regarder le monde et les autres avec objectivité, en ayant conscience de ses propres biais, sans prendre notre sensibilité particulière pour la réalité.
Il me semble que cette aspect de connaissance de soi devrait être beaucoup plus développé dans les cursus scolaires car c’est un préalable à la réussite, quelle que soit sa forme.
Une autre chose importante, c’est d’avoir conscience que la grand majorité des choix ou des décisions sont réversibles.
On a trop tendance à expliquer aux étudiants que leurs choix d’options, leur sujet de stage ou leur premier emploi va déterminer toute la suite de leur vie professionnelle. Ça leur met une pression terrible à un moment où, par définition, on n’a souvent pas les éléments pour savoir vraiment.
Moi j’avais fait une option hyperfréquences. A l’arrivée, j’ai fait des télécoms et de la cyber, et jamais d’hyperfréquences.
La réalité c’est que, dans la vie d’une façon générale, on peut toujours changer les choses. Très peu de choses sont irréversibles. On a toujours la possibilité, on a toujours le choix. Tous les matins, on peut décider de changer les choses. On n’en a cependant pas toujours le courage, ce qui est différent.
Avoir cela en tête, c’est déjà se libérer.
Que représente le réseau ESEO Alumni - #ingESEO ?
J’ai adhéré au réseau dès la fin de mes études.
C’est une communauté très importante car, par expérience, on a toujours une réponse d’un Alumni quand on le sollicite, même si on en le connait pas, même s’il y a une grande différence d’âge.
C’est très efficace pour ouvrir des portes ou avoir des informations. Par exemple, c’est toujours une bonne idée de contacter un Ancien avant de postuler dans une entreprise. Ça permet de qualifie le contexte et de se préparer.
La dimension intergénérationnelle est très importante. Toutes les générations peuvent apporter aux autres.
Je participe de temps en temps à des actions de l’association, notamment à Vélizy parce que c’est près de chez moi.
L'auteur
Depuis quand avais-tu envie de publier un livre/roman ?
En fait je suis fondamentalement littéraire, même si je n’aurais pas pu faire des études littéraires, trop abstraites. Ma première rédaction en 6e, le prof ne voulait pas croire que c’est moi qui l’avait écrite. En fin de 3e je lisais le latin dans le texte.
J’ai eu ce livre en tête pendant plus de dix ans, sans m’y mettre. Et puis deux personnes m’ont donné les impulsions qui m’ont mis au travail.
La première est d’ailleurs un Alumni, Christophe PRAT, lui-même auteur et qui gère désormais une maison d’édition. A l’origine, vers 2008, j’avais contacté Philippe dans le cadre d’une candidature dans son entreprise (utilisation du réseau !), et de fil en aiguille on est arrivé à parler écriture. Lui écrivait déjà à cette époque. Il m’a mis au défi de participer à un concours de nouvelles qu’il présidait. J’ai relevé ce défi et… j’ai gagné ! Ça a été le réveil de la conscience.
La seconde est une amie, elle-même coache, qui, il y a 3 ans, à la fin d’un déjeuner m’a dit en substance : « Maintenant tu arrêtes d’en parler. Tu rentres chez toi, tu allumes ton PC, tu ouvres un document Word, tu mets un titre, et même si tu ne fais que ça, tu fais au moins ça ! ». C’est à peu près ce qui s’est passé et c’était parti.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Un auteur peut difficilement écrire à partir d’ailleurs que son propre vécu. Donc l’inspiration vient de mon propre parcours et de ma propre expérience.
Ingénieur et auteur : quels liens ?
N’oublions pas que « ingénieur » est un titre et non pas un métier. On associe souvent « ingénieur » à des métiers techniques, ce qui n’est pas le cas, mon parcours en est la preuve comme beaucoup d’autres.
Je pense qu’un lien est la capacité à concevoir un système, depuis son architecture générale jusqu’à ses détails. Ensuite, développer ce système pour qu’il soit fonctionnel. Puis vérifier qu’il fonctionne.
Un roman est un système. Ecrire un roman c’est de l’ingénierie. La seule différence, c’est la matière ou le langage qu’on utilise pour la réalisation.
Par ailleurs, je suis convaincu que la technologie aura de plus en plus besoin de profils littéraires. Non seulement pour apporter d’autres façons de voir, mais aussi pour permettre à la technologie de rester en lien avec l’humain et la société. On en revient aussi à la culture générale des ingénieurs.
Rabelais disait : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » On pourrait le paraphraser en disant : « Technologie sans conscience n’est que ruine de l’Homme. »
Il devrait y avoir des cours de philosophie dans les écoles d’ingénieurs.
D’ailleurs la philosophie et les mathématiques ne sont que les deux faces d’une même pièce. Toutes deux ont le même but : modéliser le monde pour le comprendre. L’une utilise les chiffres et l’autre les lettres.
On remarque que pendant très longtemps, les philosophes et les mathématiciens ont souvent été les mêmes personnes. On remarque aussi que, encore à l’époque moderne, beaucoup de grands mathématiciens développent une réflexion sur le monde. Ce n’est pas un hasard.
Comme quoi, l’opposition entre technique et lettres est assez artificielle en fait. Quelle différence fondamentale entre écrire un programme de 10 000 lignes ou un roman de 10 000 lignes ? Dans les deux cas on utilise une langue, avec sa grammaire et son vocabulaire. On peut être plus à l’aise avec l’un ou l’autre selon la langue dans laquelle on baigne naturellement.
Déjà des idées pour un prochain livre/roman ?
Oui. J’ai déjà des idées pour deux autres. Très différentes. J’ai encore besoin de les amener à maturité.
Le roman de Fabrice HATTEVILLE est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur les plateformes, aussi.
Par exemple :
Fnac : https://lnkd.in/gWn2Gh5D
Cultura : https://lnkd.in/g2Pz9Bt4
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