Pour la journée d'accueil de la nouvelle promotion d'étudiantes et étudiants à l'ESEO, leur parrain, M Yves QUERE est intervenu pour leur présenter sa vision du rôle des ingénieur(e)s et scientifiques. Un honneur pour l'école et les étudiants d'accueillir un tel scientifique et humaniste.
Puisse l’exemple de Yves Quéré avec son œil malicieux, son esprit vif et sa grande culture nous donner l’idée de ne pas perdre de vue qu’au cours de toutes nos activités scientifiques et professionnelles une bonne alliance de la science et de la technique avec la culture ne peut être que bénéfique à toute l’humanité.
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Qui est Yves QUERE ?
Découvrez sa biographie réalisée par M Maurice FRESNEAU, enseignant ESEO à la retraite.
Yves Quéré naît le 29 avril 1931 à Commercy(1). Il y fait ses études secondaires, puis des classes préparatoires à Paris ce qui lui permet d’intégrer l’École des Mines de Paris et d’en sortir diplômé en 1954.
Après son service militaire, il intègre le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) à Saclay en 1957. Il y prépare une thèse de Docteur-ingénieur sous la direction du Professeur Jacques Friedel et la soutient en 1961, puis une thèse d’État de Physique avec le même directeur de thèse, Doctorat qu’il obtient en 1968. Il se spécialise ainsi dans le domaine de la Physique des Solides et plus précisément celui des défauts cristallins dans les métaux.
Il s’oriente alors dans l’étude des interactions des particules (neutrons, protons, ions, électrons, etc…) avec la matière, interactions qui sont à l’origine de défauts cristallins observés dans les solides. Il effectue des travaux importants pour la métallurgie physique (et aussi pour la médecine) ce qui lui vaut d’être nommé en 1980 Correspondant, puis en 1991 Membre de l’Académie des Sciences de Paris.
En 1969, il change d’orientation en acceptant un poste de professeur à temps plein à l’École Polytechnique (2) à Paris. Il va y occuper assez vite diverses fonctions (Président du Département de physique et du Sénat des professeurs, Directeur de l’Enseignement.). Parallèlement à l’enseignement de la Physique des Matériaux à l’X (2), il enseigne dans plusieurs Grandes Écoles, tant en France (Centrale, Mines…) qu’à l’étranger. Sa notoriété internationale s’établit vite grâce à ces nombreux contacts et aussi grâce à son inépuisable esprit de collaboration et d’innovation : création de laboratoires nouveaux, introduction de la Biologie à l’X, Écoles d’été de métallurgie physique, renforcement de collaborations entre l’X, le CEA et le CNRS…
Doté d’une grande culture et d’une grande disponibilité, Yves Quéré développe des zones d’intérêt divers telles que l’Association ‘’Votre école chez vous'’ à l’intention d’enfants lourdement malades ou handicapés, le soutien actif à des scientifiques soviétiques dissidents et à des savants d’Amérique latine persécutés par les dictatures de leurs pays, la participation à l’Association France-Chine pour la Science et ses applications, la présidence de l’IAP qui est l’Assemblée mondiale des Académies des Sciences, la présidence d’honneur de l’ASEISTE(3) et de bien d’autres organismes et associations.
Il publie beaucoup, aussi bien des articles pour des revues scientifiques de haut niveau (plus d’une centaine) que des ouvrages à finalité culturelle (4). L’une de ses meilleures œuvres scientifiques : ‘’Physique des Matériaux’’ parue en 1988 et rédigée à l’attention des étudiants et enseignants de second cycle des universités, est une belle réussite pédagogique rare à ce niveau d’études et dont le contenu reste toujours à ce jour très d’actualité.
En 1995, tout juste avant de prendre sa retraite en 1996, Yves Quéré rencontre Georges Charpak, grand spécialiste de la Physique des particules de haute énergie et Prix Nobel qu’il obtient en 1992 pour sa mise au point des ‘’chambres à fils’’. Charpak est déjà bien connu pour son très profond humanisme et pour sa passion et de la langue française, aussi sollicite-t-il Yves Quéré et un ami commun, Pierre Léna, astrophysicien renommé, pour travailler à sa grande idée de rénovation de l’enseignement des sciences dans les écoles maternelle et primaire par une plus grande pratique expérimentale des sciences et ceci à tous les niveaux d’enseignement. Tous les trois développent et répandent à travers le monde cette aventure extraordinaire connue sous le nom de « La main à la pâte ». Cette aventure connait une large diffusion dans de nombreux pays, notamment ceux en voie de développement, et aussi là où les jeunes se trouvent en difficulté (maladie, handicap, pauvreté, insertion sociale, etc…).
La grande idée du trio Charpak-Quéré-Léna est de faire tout ce qui est possible de faire pour que l’ouverture et le développement vers plus de culture permettent à chacun de s’en sortir.
Par exemple, pour ce qui concerne les sciences, il faut agir de manière que l’enfant apprenne la science en la pratiquant (par la réalisation d’expériences simples et peu coûteuses) et en analysant correctement les faits observés.
Yves Quéré est encore de nos jours un humaniste profondément engagé et soucieux de l’avenir du monde. Ces deux aspects de sa personnalité, celle du physicien et celle de l’humaniste passionné par l’éducation et par le développement de la culture, lui ouvrent bien des portes partout. Il est membre de plusieurs Académies des sciences dont l’Académie pontificale des Sciences. Il a notamment, de 2000 à 2006, présidé l’IAP qui est l’Assemblée mondiale des Académies des Sciences. Il est reçu Docteur Honoris Causa par plusieurs universités étrangères et a été promu aux plus hauts grades de la Légion d’Honneur et des Palmes académiques.
Il pratique le violoncelle (sa mère était violoniste) et a reçu en 2003, en formation de quatuor, un Premier Prix à l’unanimité au Concours Européen de Musique de Chambre.
Il a été l’époux de France Jaulmes, écrivain et théologienne très renommée. Marié en 1961, il est père de trois enfants, mais malheureusement en 1995 son épouse décède brutalement à 58 ans.
Puisse l’exemple de Yves Quéré avec son œil malicieux, son esprit vif et sa grande culture nous donner l’idée de ne pas perdre de vue qu’au cours de toutes nos activités scientifiques et professionnelles une bonne alliance de la science et de la technique avec la culture ne peut être que bénéfique à toute l’humanité.
Suivons-le sur ce chemin !
M FRESNEAU.
(1): Jolie petite ville du département de la Meuse.
(2): Familièrement appelée l’« X ».
(3): Association de Sauvegarde et d’Etude des Instruments Scientifiques et Techniques de l’Enseignement.Entre autres : « L’enfant et la science » [O. Jacob, 2005], « La sagesse du physicien. » [L’œil neuf, 2006], « La culture, en mémoire de France Quéré » [O.Jacob, 2006], « De la beauté », [O. Jacob, 2021]
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