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Jean-Luc Issler (Promo 1988 - d'Arsonval)

Portraits d'Ingénieurs

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17/09/2024

Dans le vaste univers de l'aérospatial, certains parcours se distinguent par leur audace et leur innovation. Aujourd'hui, nous avons l'honneur de vous présenter le portrait de Jean-Luc ISSLER, un ingénieur dont la carrière incarne la recherche constante de l'excellence et l'esprit pionnier. Depuis son entrée au Centre National d'Études Spatiales (CNES) en 1990, il a marqué de son empreinte chaque étape de son aventure professionnelle. De la conception de récepteurs GPS spatiaux à la gestion des transmissions spatiales optiques par laser, en passant par des rôles clefs sur des projets internationaux novateurs, il a toujours su allier expertise technique et vision avant-gardiste. Ce portrait vous invite à découvrir un parcours exceptionnel où la passion pour l'espace et la quête d'innovation se rejoignent, révélant une carrière jalonnée de succès et de contributions majeures à l'exploration et l'utilisation de l'espace. 

Un parcours et une contribution au monde scientifique qui, on l'espère, vous inspirera !


Toujours en mouvement est l’avenir !

Carrière

Embauché au Centre National d’Etudes Spatiales à Toulouse en 1990, après une spécialisation d’un an en techniques de transmissions spatiales puis le service national scientifique du contingent en Radio Fréquences. Mes premières années au CNES furent consacrées aux moyens de radionavigation de l’avion spatial Hermès. Après l’abandon de ce projet, je me consacrai à la spécification, l’approvisionnement, et les opérations en vol initiales du premier récepteur GPS spatial français « Topstar » développé par Thales Alenia Space (qui a donné lieu depuis à un emport sur plus de 150 satellites) et à la définition des émetteurs/récepteurs du Complément Européen à GPS, le prototype du système de navigation régional Européen EGNOS. Mon chef était André Ribes (ESEO 1966), dont la compétence technique et la rigueur furent formatrices et décisives.

Après avoir créé le laboratoire de RadioNavigation du CNES, je fus chef d’un nouveau département, RadioNavigation, à partir de fin 1996 : en route pour de nouvelles aventures spatiales, avec le début de la définition de signaux de navigation par satellite, jusqu’à ceux de GALILEO avec plusieurs collègues du CNES et de l'UniBwM près de Munich.

https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/constellation-galileo-galileo-signaux-differents-ceux-gps-72118/[IJ1] 


Chef du service Techniques de Transmission et de Traitement du Signal à partir de début 2004, toujours en radionavigation, mais aussi dans le domaine de l’interface-air des télécommunications spatiales, des nouvelles télémesures et télécommandes des satellites et de la propagation des signaux entre la terre et l’espace. 

Lors de la même année, le prix de l’Astronautique de l’Association Aéronautique et Astronautique de France me fut décerné. Les « faits d’armes » de ce service furent par exemple une expérience de lien radiofréquence métrologique pour satellites volant en formation pour le projet franco-suèdois PRISMA, l’intégration jusqu’aux premières opérations du lien inter-satellite entre la sonde spatiale ROSETTA et l’atterrisseur PHILAE qui s’est posé sur la comète « Tchourioumov-Guerassimenko », le perfectionnement des récepteurs GNSS orbitaux et des équipements de transmission spatiale, et la normalisation de modèles de propagation spatiale à l’Union Internationale de Télécommunications.

Voir la vidéo


Compte tenu des impacts internationaux du projet GALILEO, les états membres de l’Union Européenne confièrent alors à la Commission Européenne l’établissement du plan des signaux GALILEO. Le CNES et la DRAST du Ministère des transports eurent chacun un représentant formel désigné par le Secrétariat Général du Comité Interministériel pour les questions de coopération économiques européenne (Premier Ministre) pour représenter la France à la « Signal Task Force », le groupe mis en place par la CE pour concevoir le plan des signaux GALILEO, et le discuter auprès des partenaires internationaux, notamment les USA. Je fus ainsi le représentant formel à cette « STF » jusqu'à fin 2009, en coordonnant les travaux techniques en particulier du CNES sur le sujet, puis en poursuivant jusqu'à aujourd'hui de l'expertise dans le domaine des signaux, charges utiles et récepteurs GNSS.

J’ai eu l’honneur de me voir décerné le prix EADS Science et Ingénierie Aéronautique et Spatiale par l’Académie des Sciences en 2008, et fut nommé l’année suivante chef du service, « Instrumentation, Télémesure & télécommande et Propagation », avec moins de radionavigation et plus de surveillance du spectre et de télémesure & télécommande. Nous y avons notamment standardisé au niveau mondial la télémesure spatiale au format DVB-S2 issu des télécommunications, et réalisé des transmissions spatiales optiques par laser entre un satellite japonais et une station sol optique de l’Observatoire de la Côte d’Azur (et du CNES), où j’avais réalisé mon stage de deuxième année d’ingénieur ESEO il y a près à 38 ans ! 



Il s’agissait aussi de manager des équipes approvisionnant et recettant en orbite des équipements de transmission pour satellite, on ne peut plus critiques pour les missions spatiales, et toujours de préparer l’avenir avec des nouvelles générations de fonctions ou d’équipements radiofréquence spatiaux tant pour les nanosatellites, les microsatellites et les gros satellites d’observation. Il s'agissait aussi de définir des nouveaux modèles de propagation toujours plus performants.

Ce volet m’a valu de faire partie en 2010 des  « 1000 chercheurs qui parlent d’avenir », avec projection de nos portraits et phrases clefs sur le Panthéon de Paris pendant une semaine (cf photo) ! 


À partir de début 2017, j’étais chargé de mission à la sous-direction RadioFréquence du CNES en charge des coopérations techniques internationales, de la veille technique, de la normalisation en techniques spatiales radiofréquences et de nombreux dossiers techniques ! Je fus aussi co-porteur avec une collègue d’une étude de Phase 0 sur la surveillance du spectre avec un nanosatellite, qui a donné naissance à un projet d’un cubesat désormais parfaitement fonctionnel en orbite, la plateforme ayant été réalisée par la startup U-Space, et la charge utile par Syrlinks ! Je fus également responsable d’une action de R&T puis d’un démonstrateur, qui ont été à l’origine des équipements « TéleMesure et TéléCommande » et « module RF GPS redondé » à bord de la méga constellation satellitaire OneWeb, tous deux développés par Syrlinks à près de respectivement 2000 et 1000 exemplaires !

En 2017, des collègues et moi ont été lauréats du Prix de l’Inventeur Européen de l’Office Européen des Brevets pour l’invention des signaux de GALILEO, le système GPS Européen :


[Jerome Bonaldi à Venise pour l'#EIA2017] Rencontre exclusive avec les lauréats de la catégorie "recherche" : voir le vidéo


Je devins ensuite membre du Jury de ce prix pendant deux années, puis membre du « European Inventor Network » de l’OEB, qui, avec le CNES, m’a permis de faire 2 conférences sur l’électronique spatiale et l’innovation à l’ESEO (Angers et Velizy) en 2024.

À partir de septembre 2021, je fus expatrié aux Emirats Arabes Unis, toujours en tant que CNES, dans le cadre d’une collaboration avec l’Agence Spatiale Emirienne en Radio Fréquences ! Une belle aventure technique et familiale ! Depuis mon retour des EAUs un an plus tard, j’assure au CNES une expertise, principalement en transmissions spatiales optique, en radionavigation par satellites, et en normalisation des transmissions spatiales. Ceci m’a notamment conduit à faire une présentation à la Maison Blanche dans le domaine des systèmes de type GPS et des transmissions sans fil lunaires (et desinterférences associées), et un article de synthèse quant à nos travaux sur la protection de la radio astronomie sur la face cachée de la Lune : 

Vidéo de l'intervention à la Maison Blanche (à partir de 1 heure et 51 minutes) : 


Pour en savoir plus, article "Fréquences, signaux : pourquoi et comment Galileo se démarque", Techno-science.


Ce que vous aimez dans votre job ?

Le coté pionnier, l’expertise technique, la préparation du futur, l’interdisciplinarité, le management de collègues à forte technicité (je fus manageur, pendant 20 ans), la participation aux orientations techniques de l’entreprise, la complémentarité et la rigueur technique au sein des équipes, la normalisation des signaux des liaisons spatiales, transmettre, l’aventure humaine et le dialogue permanant, ne jamais arrêter d'apprendre, les lancements de satellites Galileo à Kourou, …  

Pourquoi ce choix ?

L’aventure spatiale m’a toujours passionné. 

Les techniques, technologies, l’état d’esprit inspiré par l’ESEO, mais aussi les « clubs étudiants » permettent d’accéder à de nombreux domaines de pointe comme le spatial, toujours à l’état « d’aventure technique et humaine ». Le Club Aérospatial de l’Ouest (CAO) de l’ESEO, que j’ai fondé, et le « tour de France spatial » du  « Prix des 25 ans du CNES » pendant la deuxième année d'étude d’ingénieur, m’ont définitivement convaincu !

Vos conseils pour les étudiantes, étudiants ESEO et celles et ceux qui voudraient rejoindre l'école ?

  • Travaillez dur pour réussir vos études ; votre bonheur devrait s’améliorer !
  • Pensez avant tout à votre bonheur personnel ; les satisfactions professionnelles en seront facilitées.
  • Respectez sans cesse vos collègues, leurs attributions et votre entreprise ; partagez  les informations non confidentielles ; travaillez en équipe ; soyez ouvert au monde ; gardez une certaine humilité ; sachez reconnaître le cas échéant qu'un collègue à l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise a une meilleure solution que la vôtre : recherchez sans cesse pour des produits le meilleur rapport qualité/prix avec un risque raisonnable ; sachez trouver l’information plutôt que de retravailler à ce qui existe déjà ; innovez ; ne faites pas d'impasse technique ; profitez de l’expérience de vos échecs ; prenez du recul et soyez positifs ; utilisez l'humour ! Vous aiderez ainsi votre entreprise et vous-même à s’épanouir.
ESEO est une chance !

Souvenirs de l’ESEO, du BDE, des clubs…. 

La vie à l’ESEO fut très riche !

Des amitiés vraies et durables, le Breihz BDE (le plus beau !), le club radioamateur, les nuits du club astronomie, les lancements de fusées au Lac de Maine avec le CAO, et plus récemment la satisfaction de voir des étudiants ESEO gagner le concours annuel du CNES pour faire voler des expériences en impesanteur dans l’Airbus 0 G (à refaire !), et celle d'échanger avec des étudiants lors de conférences.

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