Quel est ton parcours depuis ta sortie de l’ESEO ?
On pourra trouver mon parcours sur LinkedIn, mais il y a quelques étapes importantes:
- le centre de recherche de CANON à Rennes durant 15 mois pour développer une première version du WIFI (développement de la couche numérique en FPGA – interaction avec une équipe RF à Tokyo).
- En 2003, en région parisienne, je crée avec un collègue la société MND, qui développe alors des ASIC et circuits multiprocesseurs, réalisant des fonctions d’agrégation DSL (pour DSLAM) et d’encodage vidéo H264 temps réel. La concurrence est déjà rude à l’époque, et la société DxO, spécialisée dans les algorithmes d’amélioration d’images et vidéos, fait une proposition d’achat pour la société. DxO avait travaillé avec un de nos « concurrents » qui n’arrivait pas à fournir les circuits demandés par le marché. La cession se fait en Janvier 2007 et dès le mois de Mai, nous délivrons le premier circuit pour fabrication ; l’équipe vraiment performante se compose alors d’une dizaine d’ingénieurs.
Je reste chez DXO jusqu’en 2011, en évoluant vers la fonction de chargé d’affaires. J’ai le plaisir de promouvoir notre savoir-faire (solutions de traitement parallèle pour application d’auto-focus numérique, et d’Image Signal Processing (ISP)) auprès de plusieurs fabricants de smartphones aux USA et en Asie, afin qu’ils puissent proposer des photos de qualité, à partir de lentilles en plastique peu performantes mais surtout peu chères.
Depuis Octobre 2011, j’occupe une fonction similaire au sein de DOLPHIN Integration dans la région Grenobloise. Nous intervenons dans la conception de circuits ASIC/SoC sur demande pour des domaines plus variés : défense, spatial, recherche pétrolière, consumer electronics… Au-delà de l’intégration dans des circuits intégrés, la société a une compétence très spécifique autour des fonctions analogiques comme les convertisseurs analogiques-numériques très haute définition.
Ton regard sur la formation
Je ne peux m’exprimer que sur les domaines qui me concernent.
En sortant de l’ESEO, j’avais toutes les bases nécessaires pour comprendre l’architecture système, le traitement de signal, la microélectronique, les langages… en fait tous les aspects techniques. Tout cela a évolué progressivement, sans que cela me pose de réelles difficultés. Par contre, je n’étais pas préparé aux aspects financiers et en particulier à la recherche d’investisseurs (pour MND), aux relations humaines, et plus généralement à l’ensemble des ressources nécessaires à la direction d’une entreprise. Le réseau AESEO m’a été fort utile pour mener à bien cette aventure, par de nombreuses rencontres d’ingénieurs ESEO qui ont pu me conseiller ou me mettre en relation avec les bonnes personnes (RH, expert-comptable, cabinet d’avocats, …). Cet aspect est mieux couvert par l’enseignement aujourd’hui, me semble-t-il.
Il me parait important de souligner que le travail en équipe est indispensable lorsque l’on a des projets un peu conséquents, c’est l’occasion de toucher les problématiques d’engagement, de respect, de négociation, de valeurs… impliquant une adaptation perpétuelle aux problématiques nouvelles.
Les enjeux actuels
Là encore je ne parlerai que de ce que je crois constater dans mon domaine.
La France et l’Europe ont laissé partir la majeure partie des capacités de fonderie Silicium hors de cette zone géographique, et en premier lieu dans le sud-est Asiatique : Taiwan, Chine, Corée, Malaisie, … Quelques fondeurs sont présents aux USA ou encore en Europe (Allemagne et Italie) mais pour des nœuds technologiques désormais un peu anciens (adaptés pour des « petits » circuits numériques ou des applications embarquant des composantes analogiques en quantité).
En France, il ne reste que ST Microelectronics (en Silicon Valley Grenobloise et à Rousset en PACA) et ALTIS (en région parisienne). J’espère vraiment qu’elles pourront rester sur le territoire français. Il ne s’agit pas de craindre quoi que ce soit de nos partenaires asiatiques, mais j’aime l’idée de pouvoir disposer d’une filière complète sur un secteur qui n’a pas fini d’envahir notre quotidien, notamment avec les objets connectés (Internet of Things - IoT).
De même, à l’instar des USA qui ont un marché protégé pour leurs PME impliquées dans le design de circuits, je souhaite que la France et plus globalement que l’Europe « protègent » la capacité à développer des circuits électroniques, où l’innovation est obligatoire pour conserver une image d’excellence.
Il semblerait par ailleurs, que les jeunes ingénieurs qui nous rejoignent aujourd’hui aient moins la fibre technique que marketing et financière. Quand j’en ai l’occasion, je leur fais la promotion des deux métiers :
L'ingénieur en microélectronique : c’est incroyablement valorisant de se dire que l’on a mis quelque chose de concret à la disposition du monde (smartphones, télévision, voiture, avions, satellites, …)
Le commercial international : notre savoir-faire est reconnu dans le monde entier, mais quitte souvent l’hexagone. Je comprends les entrepreneurs (et autres investisseurs) qui veulent valoriser leurs investissements ; mais je crois qu’ils seraient plus disposés à faire croître leurs entreprises s’ils étaient capables d’attaquer des marchés étrangers plus rapidement et profitablement. Je n’insisterai pas sur les difficultés du financement, le montant des charges… Etre commercial, chargé d’affaires avec la technicité que nous possédons, avec des prospects et clients à travers le monde est vraiment un travail passionnant.
Enfin, dans notre économie mondialisée contrainte par les bas coûts des pays émergents, seul l’engagement des personnes peut faire une différence pour les entreprises : engagement pour la qualité, les délais, le service rendu… J’ai parfois (mon grand âge sûrement…) des doutes sur l’adhésion de nos contemporains et des jeunes générations sur ces valeurs. Le « à peu près » et le « bien suffisant » me semblent gagner du terrain dans le travail alors qu’en tant que consommateur nous sommes toujours plus exigeants.
On pourra trouver mon parcours sur LinkedIn, mais il y a quelques étapes importantes:
- le centre de recherche de CANON à Rennes durant 15 mois pour développer une première version du WIFI (développement de la couche numérique en FPGA – interaction avec une équipe RF à Tokyo).
- En 2003, en région parisienne, je crée avec un collègue la société MND, qui développe alors des ASIC et circuits multiprocesseurs, réalisant des fonctions d’agrégation DSL (pour DSLAM) et d’encodage vidéo H264 temps réel. La concurrence est déjà rude à l’époque, et la société DxO, spécialisée dans les algorithmes d’amélioration d’images et vidéos, fait une proposition d’achat pour la société. DxO avait travaillé avec un de nos « concurrents » qui n’arrivait pas à fournir les circuits demandés par le marché. La cession se fait en Janvier 2007 et dès le mois de Mai, nous délivrons le premier circuit pour fabrication ; l’équipe vraiment performante se compose alors d’une dizaine d’ingénieurs.
Je reste chez DXO jusqu’en 2011, en évoluant vers la fonction de chargé d’affaires. J’ai le plaisir de promouvoir notre savoir-faire (solutions de traitement parallèle pour application d’auto-focus numérique, et d’Image Signal Processing (ISP)) auprès de plusieurs fabricants de smartphones aux USA et en Asie, afin qu’ils puissent proposer des photos de qualité, à partir de lentilles en plastique peu performantes mais surtout peu chères.
Depuis Octobre 2011, j’occupe une fonction similaire au sein de DOLPHIN Integration dans la région Grenobloise. Nous intervenons dans la conception de circuits ASIC/SoC sur demande pour des domaines plus variés : défense, spatial, recherche pétrolière, consumer electronics… Au-delà de l’intégration dans des circuits intégrés, la société a une compétence très spécifique autour des fonctions analogiques comme les convertisseurs analogiques-numériques très haute définition.
Ton regard sur la formation
Je ne peux m’exprimer que sur les domaines qui me concernent.
En sortant de l’ESEO, j’avais toutes les bases nécessaires pour comprendre l’architecture système, le traitement de signal, la microélectronique, les langages… en fait tous les aspects techniques. Tout cela a évolué progressivement, sans que cela me pose de réelles difficultés. Par contre, je n’étais pas préparé aux aspects financiers et en particulier à la recherche d’investisseurs (pour MND), aux relations humaines, et plus généralement à l’ensemble des ressources nécessaires à la direction d’une entreprise. Le réseau AESEO m’a été fort utile pour mener à bien cette aventure, par de nombreuses rencontres d’ingénieurs ESEO qui ont pu me conseiller ou me mettre en relation avec les bonnes personnes (RH, expert-comptable, cabinet d’avocats, …). Cet aspect est mieux couvert par l’enseignement aujourd’hui, me semble-t-il.
Il me parait important de souligner que le travail en équipe est indispensable lorsque l’on a des projets un peu conséquents, c’est l’occasion de toucher les problématiques d’engagement, de respect, de négociation, de valeurs… impliquant une adaptation perpétuelle aux problématiques nouvelles.
Les enjeux actuels
Là encore je ne parlerai que de ce que je crois constater dans mon domaine.
La France et l’Europe ont laissé partir la majeure partie des capacités de fonderie Silicium hors de cette zone géographique, et en premier lieu dans le sud-est Asiatique : Taiwan, Chine, Corée, Malaisie, … Quelques fondeurs sont présents aux USA ou encore en Europe (Allemagne et Italie) mais pour des nœuds technologiques désormais un peu anciens (adaptés pour des « petits » circuits numériques ou des applications embarquant des composantes analogiques en quantité).
En France, il ne reste que ST Microelectronics (en Silicon Valley Grenobloise et à Rousset en PACA) et ALTIS (en région parisienne). J’espère vraiment qu’elles pourront rester sur le territoire français. Il ne s’agit pas de craindre quoi que ce soit de nos partenaires asiatiques, mais j’aime l’idée de pouvoir disposer d’une filière complète sur un secteur qui n’a pas fini d’envahir notre quotidien, notamment avec les objets connectés (Internet of Things - IoT).
De même, à l’instar des USA qui ont un marché protégé pour leurs PME impliquées dans le design de circuits, je souhaite que la France et plus globalement que l’Europe « protègent » la capacité à développer des circuits électroniques, où l’innovation est obligatoire pour conserver une image d’excellence.
Il semblerait par ailleurs, que les jeunes ingénieurs qui nous rejoignent aujourd’hui aient moins la fibre technique que marketing et financière. Quand j’en ai l’occasion, je leur fais la promotion des deux métiers :
L'ingénieur en microélectronique : c’est incroyablement valorisant de se dire que l’on a mis quelque chose de concret à la disposition du monde (smartphones, télévision, voiture, avions, satellites, …)
Le commercial international : notre savoir-faire est reconnu dans le monde entier, mais quitte souvent l’hexagone. Je comprends les entrepreneurs (et autres investisseurs) qui veulent valoriser leurs investissements ; mais je crois qu’ils seraient plus disposés à faire croître leurs entreprises s’ils étaient capables d’attaquer des marchés étrangers plus rapidement et profitablement. Je n’insisterai pas sur les difficultés du financement, le montant des charges… Etre commercial, chargé d’affaires avec la technicité que nous possédons, avec des prospects et clients à travers le monde est vraiment un travail passionnant.
Enfin, dans notre économie mondialisée contrainte par les bas coûts des pays émergents, seul l’engagement des personnes peut faire une différence pour les entreprises : engagement pour la qualité, les délais, le service rendu… J’ai parfois (mon grand âge sûrement…) des doutes sur l’adhésion de nos contemporains et des jeunes générations sur ces valeurs. Le « à peu près » et le « bien suffisant » me semblent gagner du terrain dans le travail alors qu’en tant que consommateur nous sommes toujours plus exigeants.
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Jean-Luc Triouleyre (1993)
2015-04-14 17:43:52
eseo-alumni.com
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2016-12-08 17:43:52
2016-12-06 13:13:15
Danièle Panhelleux
Quel est ton parcours depuis ta sortie de l’ESEO ?
On pourra trouver mon parcours sur LinkedIn, mais il y a quelques étapes importantes:
- le centre de recherche de CANON à Rennes durant 15 mois pour développer une première version du WIFI (développement de la couche numérique en FPGA – interaction avec une équipe RF à Tokyo).
- En 2003, en région parisienne, je crée avec un collègue la société MND, qui développe alors des ASIC et circuits multiprocesseurs, réalisant des fonctions d’agrégation DSL (pour DSLAM) et d’encodage vidéo H264 temps réel. La concurrence est déjà rude à l’époque, et la société DxO, spécialisée dans les algorithmes d’amélioration d’images et vidéos, fait une proposition d’achat pour la société. DxO avait travaillé avec un de nos « concurrents » qui n’arrivait pas à fournir les circuits demandés par le marché. La cession se fait en Janvier 2007 et dès le mois de Mai, nous délivrons le premier circuit pour fabrication ; l’équipe vraiment performante se compose alors d’une dizaine d’ingénieurs.
Je reste chez DXO jusqu’en 2011, en évoluant vers la fonction de chargé d’affaires. J’ai le plaisir de promouvoir notre savoir-faire (solutions de traitement parallèle pour application d’auto-focus numérique, et d’Image Signal Processing (ISP)) auprès de plusieurs fabricants de smartphones aux USA et en Asie, afin qu’ils puissent proposer des photos de qualité, à partir de lentilles en plastique peu performantes mais surtout peu chères.
Depuis Octobre 2011, j’occupe une fonction similaire au sein de DOLPHIN Integration dans la région Grenobloise. Nous intervenons dans la conception de circuits ASIC/SoC sur demande pour des domaines plus variés : défense, spatial, recherche pétrolière, consumer electronics… Au-delà de l’intégration dans des circuits intégrés, la société a une compétence très spécifique autour des fonctions analogiques comme les convertisseurs analogiques-numériques très haute définition.
Ton regard sur la formation
Je ne peux m’exprimer que sur les domaines qui me concernent.
En sortant de l’ESEO, j’avais toutes les bases nécessaires pour comprendre l’architecture système, le traitement de signal, la microélectronique, les langages… en fait tous les aspects techniques. Tout cela a évolué progressivement, sans que cela me pose de réelles difficultés. Par contre, je n’étais pas préparé aux aspects financiers et en particulier à la recherche d’investisseurs (pour MND), aux relations humaines, et plus généralement à l’ensemble des ressources nécessaires à la direction d’une entreprise. Le réseau AESEO m’a été fort utile pour mener à bien cette aventure, par de nombreuses rencontres d’ingénieurs ESEO qui ont pu me conseiller ou me mettre en relation avec les bonnes personnes (RH, expert-comptable, cabinet d’avocats, …). Cet aspect est mieux couvert par l’enseignement aujourd’hui, me semble-t-il.
Il me parait important de souligner que le travail en équipe est indispensable lorsque l’on a des projets un peu conséquents, c’est l’occasion de toucher les problématiques d’engagement, de respect, de négociation, de valeurs… impliquant une adaptation perpétuelle aux problématiques nouvelles.
Les enjeux actuels
Là encore je ne parlerai que de ce que je crois constater dans mon domaine.
La France et l’Europe ont laissé partir la majeure partie des capacités de fonderie Silicium hors de cette zone géographique, et en premier lieu dans le sud-est Asiatique : Taiwan, Chine, Corée, Malaisie, … Quelques fondeurs sont présents aux USA ou encore en Europe (Allemagne et Italie) mais pour des nœuds technologiques désormais un peu anciens (adaptés pour des « petits » circuits numériques ou des applications embarquant des composantes analogiques en quantité).
En France, il ne reste que ST Microelectronics (en Silicon Valley Grenobloise et à Rousset en PACA) et ALTIS (en région parisienne). J’espère vraiment qu’elles pourront rester sur le territoire français. Il ne s’agit pas de craindre quoi que ce soit de nos partenaires asiatiques, mais j’aime l’idée de pouvoir disposer d’une filière complète sur un secteur qui n’a pas fini d’envahir notre quotidien, notamment avec les objets connectés (Internet of Things - IoT).
De même, à l’instar des USA qui ont un marché protégé pour leurs PME impliquées dans le design de circuits, je souhaite que la France et plus globalement que l’Europe « protègent » la capacité à développer des circuits électroniques, où l’innovation est obligatoire pour conserver une image d’excellence.
Il semblerait par ailleurs, que les jeunes ingénieurs qui nous rejoignent aujourd’hui aient moins la fibre technique que marketing et financière. Quand j’en ai l’occasion, je leur fais la promotion des deux métiers :
L'ingénieur en microélectronique : c’est incroyablement valorisant de se dire que l’on a mis quelque chose de concret à la disposition du monde (smartphones, télévision, voiture, avions, satellites, …)
Le commercial international : notre savoir-faire est reconnu dans le monde entier, mais quitte souvent l’hexagone. Je comprends les entrepreneurs (et autres investisseurs) qui veulent valoriser leurs investissements ; mais je crois qu’ils seraient plus disposés à faire croître leurs entreprises s’ils étaient capables d’attaquer des marchés étrangers plus rapidement et profitablement. Je n’insisterai pas sur les difficultés du financement, le montant des charges… Etre commercial, chargé d’affaires avec la technicité que nous possédons, avec des prospects et clients à travers le monde est vraiment un travail passionnant.
Enfin, dans notre économie mondialisée contrainte par les bas coûts des pays émergents, seul l’engagement des personnes peut faire une différence pour les entreprises : engagement pour la qualité, les délais, le service rendu… J’ai parfois (mon grand âge sûrement…) des doutes sur l’adhésion de nos contemporains et des jeunes générations sur ces valeurs. Le « à peu près » et le « bien suffisant » me semblent gagner du terrain dans le travail alors qu’en tant que consommateur nous sommes toujours plus exigeants.
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